mardi 10 novembre 2009

Le Week-end à Québec

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Le Vendredi :

Vendredi, on est parti en W.E à Québec. On a pris La Van, comme on dit ici ( comprendre le van, cad un van, cad une voiture avec huit sièges et une porte coulissante ( prononcer : La Vanne )). La veille, on avait décidé qu'on voulait partir vers 10h mais on s'est levé à 9h30. On a retrouvé Bingo vers 11H dans un café italien et à 11H30 on a reçu un coup de fil de notre nouvel ami Roberto Parodi* qui voulait savoir si on pouvait passer le chercher vers 13 h afin qu'il puisse rejoindre Poster Desiree, qui elle-même l'attendait à Québec . Nous sommes donc partis à 13h10 de Montréal. On avait un objectif. Nous devions nous rendre au vernissage de Parthenia Raupach dans un centre d'art de la ville de Québec. On a commencé par traverser le pont pour sortir de Montréal et on a failli avoir un accident car notre conductrice, Bonita Troccoli, est affligée d'une passion incontrôlable pour les parcs d'attraction et La Ronde, le parc montréalais, est visible depuis le pont qui sert de sortie principale à la ville :




















Une fois sur l'autoroute, on a écouté la B.O des Fraggle Rock trois fois, A boy named Sue six fois ( mis sur repeat par inadvertance), Blue Velvet deux fois, Joe Meek deux fois, une version rayée de Stay with me de Rod Stewart, une version rayée de On ira tous au paradis de Michel Polnareff, une version rayée de Banana Split de Lio , du Bluegrass que je ne connaissais pas, un best-of d'Elvis, un album de Money Mark, trois morceaux de Plume Latraverse, du Sonny Boy Williamson, et enfin, Radio Canada qui nous a appris qu'un psychiatre militaire venait de tuer douze personnes dans une base du Texas parce qu'il ne voulait pas partir en Irak.

On vu des paysages avec des chiens géants :



















et des maisons :




















et des maisons :




















et des camions :




















et des entrepôts avec des rectangles rouges :




















Après être passé devant une grande chute d'eau au milieu d'échangeurs autoroutiers, on est arrivé à Québec par un énorme pont :





















Et je peux vous dire qu'au début de la ville de Q., il y a des grosses boules noires écrasées sur le sol :




















On avait le temps de se promener avant d'atteindre notre objectif. Pour se distraire, on a été boire un café. Il était 17 h et le vernissage ne commençait qu'a 20h. On a utilisé tous nos accessoires de lutte contre le froid polaire :






































et ce faisant, on s'est fait un pote en carton :




















Le centre-ville de Q. est de type européen-petites rues. Pas de quadrillage à la new-yorkaise — c'est l'endroit où se réunissent les hommes politiques du Québec si j'ai bien compris, d'où le chic européen peut-être. On a continué à zoner en buvant des bières dans un bar qui aurait du être irlandais mais qui faisait penser à la Bretagne et puis on est arrivé au centre d'art qui ressemblait à un centre d'art .

On a été voir : L'INSTALLATION DE PARTHENIA RAUPACH
( le site de PARTHENIA )

Devant un couple de stores blancs — très Deux dentistes à Miami — une plante verte de salle d'attente se balance. On devine quelques tâches de couleurs au travers des stores et en passant derrière, on découvre :

- Un masque de fantôme en camouflage fluorescent
- Une minuscule chaise de mobilier Mormon
- Une guitare électrique dont le manche est un morceau de bois brut
- Des mains d'extraterrestres
- Une paire de jambes recouvertes d'un legging tigré
- Une branche d'arbre devenue blanche
- Un chapeau de Quaker coupé en deux
- Un autre pot de fleur dans lequel est encastré un couteau de boucher

C'est un peu comme si vous alliez chercher votre chèque d'allocation familiale dans une C.A.F de Los Angeles et que tous les employés des services sociaux avaient décidé de cacher les icônes d'un culte silencieux et supercoloré derrière des stores immaculés.

Ensuite, on a continué à boire des Belles Gueules Blondes et puis on s'est aperçu que les toilettes du centre d'art étaient au quatrième étage. Le vernissage étant au rez-de-chaussée, il a fallu prendre l'ascenseur pour s'y rendre. Arrivés là-haut, avec Roberto Parodi et le Docteur Frank Ampong ( qui était de passage à Québec et qui venait juste de nous rejoindre ) on a fumé des joints dans les chiottes en essayant de faire une photo qui puisse rendre compte de la puissance de l'Xlerator ( mais la photo ci-dessous a été un échec total :
























Prendre une photo d'un souffle chaud devant un mur de carrelage n'est pas donné à tout le monde. Je tiens à préciser que ce truc-à-vent-pour-se-sécher-les-mains est une autorité en matière de dispersion aquatique. Je dirais même qu'il fait carrément peur à l'eau. La grimace de Roberto Parodi n'est pas un rictus amusé ou une manière de nous faire comprendre à quel point il s'éclate en mettant sa tête sous l'Xlerator. C'est le véritable visage de la douleur.)

Après avoir continué pendant un certain temps à zoner dans notre objectif, on est parti mangé un hamburger avec le Docteur Frank Ampong, Bingo l'indien et Bonita Troccoli et ensuite on est revenu au C.A ( le Docteur Frank Ampong est rentré chez lui à ce moment-là) et on a dansé un peu avec Poster Desiree et Roberto Parodi. On a aussi fumé du chocolat ( très rare dans ces contrées) avec une artiste qui parlait comme un dossier. Elle était complètement kéblo dans son discours scolaire à faire dormir un hyperactif et elle nous a squatté notre spliff en nous prenant la tête avec sa démarche de traviole. Vers une heure et demie du matin, on est parti se coucher chez les parents de Bingo qui habitent de l'autre côté du fleuve. Mais il n'y a pas de pont qui relie directement le centre-ville de Québec à Lévy, la ville juste en face. Il n'y a qu'un bateau qui s'arrête vers minuit. On a du faire un détour de 3/4 d'heure pour simplement traverser le fleuve. On s'est littéralement dilué dans une zone commerciale, un junk space vaste comme des centaines de kilomètres de lampadaires, de hangars, d'enseignes fluo de mac-donald-tim-horton-burger-king-jean-coutu-ikea-walmart et de mega-raffinerie de pétrole :














Vu depuis le centre-ville, au loin, le long du fleuve , ce machin ressemble à une ville fortifiée en flamme ou à la médina qui brûle ou à un parc d'attractions incandescent. C'est absolument terrifiant et quand on s'approche ça pue sévère. Il doit y avoir quelque chose comme un milliard d'ampoules accrochées aux tubes et aux tuyaux de ce monstre de raffinerie. Parallèlement à cela, il y a dans le centre-ville-chic de Québec un magasin de fourniture pour Noël ouvert pendant toute l'année.

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Le Lendemain :

Le Lendemain, le soleil a commencé à se coucher vers 13h30 et il a mis quatre heures à disparaître. On est parti visiter la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré dans cette ambiance post-nucléaire, après avoir pris un petit déjeuner dans une maison au toit argenté :



















Après 45 minutes de route, la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré a surgi au milieu de nulle part , un peu comme si vous tombiez sur Notre-Dame-de-Paris plantée sur le parking du Leroy-Merlin de Gennevilliers. En arrivant, on a salué le cyclorama de Jérusalem juste à côté de la basilique et qui était fermé :











































- " À mon avis, là-dedans, il y a des danseuses nues " a dit Poster Desiree à Roberto Parodi.
- " Chui sûr qu'ils projettent des films de simulation de l'apocalypse " à dit Bingo L'indien
- " Et aussi des courses de chevaux " à répondu Roberto Parodi
- " Et des combats dans la boue " ajouta Parthenia Raupach

La basilique Sainte-Anne-de-Beaupré est un endroit à miracle. On y fait remarcher les gens depuis plus d'un siècle. La version de la basilique que l'on a visité date des années 20 et a été inaugurée ( une fois les travaux finis) en 1970 (plusieurs autres versions l'ont précédé mais elles ont été inondées ou brûlées). De l'extérieur, le granit semble banalement factice et la vue sur le parking du Mac Donald est juste assez déroutante pour permettre à un européen de confirmer ses clichés sur la post-modernité américaine. Tout autour de la Basilique, il y a une cinquantaine de motels peints dans des couleurs pastels qui attendent de recevoir leurs pèlerins. C'est la même ambiance sale et suspendue qu'à Lourdes, mais le long d'une route américaine quelconque. Les portes sont en cuivre martelé et à l'intérieur il n'y a plus d'eau bénite dans les bénitiers à cause du A/H1N1. Ils ont acheté un genre de réservoir pour l'eau bénite :
























et je me demande bien si le prêtre bénit aussi la marmite.

En rentrant dans la nef, on tombe nez-à-nez avec une collection de béquilles de toute sorte ( il y a même un siège pliable de pécheur miraculé ( un siège de pécheur à la ligne miraculé )). On regarde les mosaïques qui sont très jolies, presque naïves, et qui figurent un peu partout où cela est nécessaire : des papillons, des fourmis, des serpents, des colombes, des renards, des ours, des flocons de neiges, des aiguilles de pins, des abeilles, des sauterelles, des chevaux, des hiboux, des corbeaux, des aigles, des scarabées, des tortues, des serpents, des grenouilles, des chiens, des mouches, des chauve-souris, des pingouins, des méduses, des mille-pattes, des lapins, des dauphins, des poules, des crocodiles, des lions, des canards, des putois, des pintades, des crapauds, mais il n'y a aucune chimère du type cheval à tête d'aigle ou chauve-souris à corps de serpent ou chiens aux pieds de crocodile. Le tympan de la porte d'entrée de la nef est un couple de crabe géant. Il y a une personne en fauteuil roulant qui prie mais la nef est pratiquement vide. Derrière chaque pilier, il y a une télévision qui doit servir à retransmettre les messes à ceux qui sont punis derrière un pilier. Sous la basilique, il y a une chapelle souterraine, La Chapelle de l'Immaculée, qui est comme une cave multicolore. Le carrelage du sol ressemble à un carrelage de cuisine Castorama et le granit lustré ( qui sert de faux soubassement aux piliers en pierre agrafée ( en fausse pierre)) rappelle le plan de travail de la cuisine de Snoop Dogg. Les tableaux , qui représentent certains moments clefs de la vie de l'immaculée, sont peints comme un chef d'oeuvre de tatoueur mexicain assez :
























genre le moment où elle miracule les amérindiens :




















Je crois que Poster Desiree, Parthenia Raupach, Roberto Parodi et Bonnita Troccoli ont allumé un cierge. Bingo l'indien et moi-même, Gwyneth, on s'est assi pendant 10 min. et on a rien dit. On regardait le plafond . Ensuite on a tous décidé de se prendre un hamburger au Mac Do avant de repartir vers Madrid. Depuis l'autoroute, on peut reconnaître Madrid pour plusieurs raisons :

- Il y a une tour avec des créneaux ( un minaret blanc-bouffi ) .

- Il y a des dinosaures tout autour de l'édifice ( on les voit depuis la route).

- Il y a un immense tableau d'ampoule, une enseigne, qui diffuse des messages comme : " A VOLONTÉ ", " AFFAIRES ! ", " SERVICES ", " CAMION ", " POUTINE " **.

Le Madrid est une sorte d'architecture méditerranéenne mélangée à une maison traditionnelle normande, peinte en blanc et rouge certainement pour rappel des couleurs tauromachiques de Madrid — un genre d'arène-chaumière-chateau fort avec une enseigne géante en ampoule. Mais ce restaurant le long de l'autoroute est une des rares enseignes qui ne semble pas faire partie d'une chaîne quelconque. Une anomalie :
































































Le truc c'est que quand t'arrives, c'est super. Sur le parking, il y a les dinosaures et les big foot, tu rentres dans un sas plein de jeux de vidéos et de jeux de fête foraine genre gagner-une-montre-en-attrapant-une-boule-avec-un-robot-pince et tu pousses la porte et se présentent devant tes yeux de touriste émerveillé : un diner (prononcer Daïneur) typique du coin, avec des saynètes champêtres tissées sur le revêtement des alcôves-banquettes-table + des décorations plus ou moins far-west-mohawk-rockn'roll + le devin Zoltar ( je crois ( à moins que ce ne soit Zotar ou Zumtar)) qui t'attend tranquillement derrière une cage de verre ( Zoltar est un automate, je n'ai pas bien compris ce qu'il prédisait à Poster Desiree et je n'ai pas oser m'immiscer dans ce moment personnel ). Bref, c'est l'éclate.

Mais nous étions trop nombreux pour souper dans les alcôves 4 places du daïneur. On s'est dirigé vers le buffet. On est passé devant trois statues qui te filent les jetons, moitié creepshow :
















puis devant une file de cinq enfants jouant à la Play Station et on a atterri dans une salle invisible avec la webcam du Madrid ***. On a atterri dans une salle à manger de maison de retraite avec un long buffet en inox poli posé en plein milieu. Toute la partie " rock'n'roll" a disparu et on est rentré dans une ambiance familiale des plus terrifiantes. Si je me souviens bien, les murs sont recouverts d'une espèce de moquette saumon et la moquette du sol, elle, est bleu marine. Les tables sont tout à fait banales. Les sièges aussi ( pliables ? en tout cas rien à voir avec les banquettes vernaculaires). De temps en temps, on voit surgir deux adolescents habillés en basketteur ou une brochette d'enfants ou un couple ou quelqu'un d'obèse. Il y a un anniversaire qui se déroule dans une salle-du-fond. On s'installe. Je prends de la salade iceberg, du riz, un samossa rectangulaire et plein d'onions rings. On est tous d'accord pour dire : Buffet-pas-trop-mal-pas-pire, mais j'ai aussi pris quelques crevettes congelées qui avait un goût de Sopalin. C'est modeste et pas trop cher ( 13 $ le buffet A VOLONTÉ ) un genre de Flunch. Durant notre repas, la serveuse d'une cinquantaine d'années qui s'occupait de nous était fatiguée, agréable et bizarrement enjouée comme dans une chanson de Dolly Parton.

L'enfant qui nous accompagne ( Ungariio Ygotj, 10 mois) est la seule personne de toute la salle qui ait des couilles : il jette une nouille par terre, un champignon sur la serveuse, son brocolis dans les gâteaux, arrive à tourner sur lui-même en restant assis sur son fauteuil pour regarder les jambes de la voisine, lèche son fromage pendant 10 min., crache vers le plafond, rigole super fort, saute sur sa chaise, pète et bave partout sur la chaise-bébé prêté par le restaurant.

Après avoir englouti 8 ou 9 Onions Rings, je me suis lancé dans une visite complexe pénible et lente des toilettes. Celles de la salle à manger étant cassées, j'ai du traverser le restaurant, voir un juke box iphone et des vidéos de monstertruck diffusées sur des écrans multiples aux tailles variables, pour aller dans les toilettes du bar de Madrid où un homme seul buvait en face du barman. Sur le chemin du retour, j'ai croisé plusieurs familles en train de manger et personne ne m'a regardé dans les yeux. Ensuite j'ai été fumé une clope avec Bingo.

Dehors, il y a une sorte d'abri-bus pour fumeur, qui ressemble à une poubelle géante. On y reste trente secondes, le temps de sentir qu'il sent la clope et on part en marchant doucement vers le dépanneur et la station Esso. Le sol du parking est en terre et en gravier, il y a des traces de pneu et pas de revêtement. Peut-être que c'est le terrain d'entraînement des big foot mais ça me parait petit . Il y a deux big foot le long du restaurant et une éolienne multicolore à côté de la station Esso ( un accord a du être passé entre le Madrid et le fabriquant d'éolienne puisqu'il expose ses modèles sur le parking en terre du restaurant et il y a même une affiche qui nous dit où le contacter.) Tout autour du parking, il y a des dinosaures. Certains sont cassés et on peut apercevoir leurs entrailles faites de tuyaux et de mousse orange (P.U). Deux immenses lampadaires servent à éclairer tout ça comme sur un terrain de football. On avance petit à petit vers le dos du restaurant qui fait face à l'autoroute. Il y a un gros cube blanc détaché du restaurant , lui-aussi muni de créneaux de château-fort et qui semble servir de réserve pour les conduits d'aération. On tombe sur deux nouveaux big foot. Ceux-ci ont la particularité d'être montés sur des châssis de tank, de char d'assaut. Je ne suis pas sûr du terme " châssis " mais c'est bien un pick-up avec des chenilles à la place des roues. Bingo, notre guide, dit : " eux, ils sont prêt à recevoir les américains quand ils viendront pour nous piquer notre eau ". Géographiquement parlant, il faut savoir que le Canada est une sorte d'archipel géant ( lacs, rivières et fleuves par milliers). Mais de toute façon, je n'en sais rien. Nous avons passé la plupart de notre temps dans la van sur l'autoroute . Nous sommes parti le vendredi midi et rentré le samedi soir. On a traversé la principale conurbation québécoise qui nous a fait penser à la nôtre, la Paris-le Havre-Londres, et à d'autres encore, bien plus grandes , les Tokyo-Pékin-Hong-Kong-Bangkok-Manille ou les New-York-Philladellphie-Baltimore-Washington. On a eu un peu l'impression que le monde est devenu une ville. Pendant quatre jours on a mangé que des frites et des hamburgers et comme dirait Poster Desiree sur le chemin du retour : " je me sens sale dans mon ventre".

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Épilogue :

On a fini par rentrer dans Montréal par le pont qui nous avait vu sortir. On s'est couché tôt et le lendemain matin, l'été indien a commencé :


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* Les noms on été modifiés.

** Quand on tape " Poutine " dans google.ca, on trouve ça
( cliquer sur l'image pour la voir en grand) :











*** (sur le site web du Madrid, qui vous accueille avec un alléchant : Bienvenue au restaurant Madrid ! L'arrêt familial numéro un entre Montréal et Québec, on découvre cette proposition : " NOUVEAU ! ayez accès à la webcam du restaurant ! Vous y verrez l'ambiance ainsi que notre personnel dévoué ". Je n'aime pas beaucoup l'idée d'espionner le travail des autres, mais je viens de regarder la page "webcam" en question et aucune description ne sera jamais à la hauteur de l'ectoplasme que je viens de traverser. Si vous avez envie de croire aux fantômes allez-voir ça : chair de poule garantie. )

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