vendredi 30 avril 2010

un ciel tellement bleu qu'il en frise tes pupilles d'électricité


Vendredi, j'ai été dans un vernissage en appartement. Un artiste exposait les lettres qu'il adresse chaque jour depuis une dizaine d'années au premier ministre du Canada. Parfois il écrit en français lorsque le ministre en question est francophone ; parfois en anglais lorsqu'il est anglophone. Principalement, l'artiste raconte sa vie au premier ministre. Par exemple, quand il a eu un enfant, Jean Chrétien a été l'un des premiers à le savoir. En dix ans, soit environ 3000 lettres envoyées, on a du lui répondre seize fois par un accusé de réception. Un travail sur la solitude du citoyen.

Dans ce vernissage, j'ai retrouvé Bingo et Roberto Parodi et j'ai rencontré le frère de Roberto Parodi qui réalise un film d'horreur en ce moment. On a parlé de films d'horreurs (street trash). On a bu de la Belle Gueule Blonde d'Été. On a fumé de l'afghan roulé en petit boudin. On est sorti sur le balcon.

Un type blond aux yeux vraiment très bleu et à la cervelle vraiment très excitée s'amusait à parler aux gens en plaquant son visage contre le leur, fixant ses yeux bleu dans ceux des autres quelque soit leur couleur. Au bout d'un moment, Bingo a fini par disparaître. Je suis resté à errer pendant un moment. Puis, alors que j'allais partir, j''ai retrouvé Roberto Parodi et le type aux yeux bleu. On s'est jeté dans un taxi et on a filé vers le nord de la ville.

Dans le nord, on a découvert une dizaine de personnes. Certaines assises sur un tabouret, accoudées au comptoir buvant un litre de Molson, certaines carrément endormis sur leurs chaises, certaines englués face à des machines à sous comme des moustiques fasciné par un marais multicolore. Je me suis assis à une table avec Roberto Parodi et on a encore discuté de Jacques Vergès. Quelque écran diffusait un top 10 des plus beaux buts du Canadien ( les" Canadiens", c'est l'équipe de hockey de Montréal) ou peut-être la météo. Les yeux bleu, après avoir longuement discuté avec un type en jogging d'une quarantaine d'année, sont revenu à notre table et nous ont gentiment offert un petit paquet vert transparent à moitié remplit de cocaïne. On est parti chacun notre tour aux toilettes. Peu après, on s'est mis a avoir de véritables discussions pleine d'assurance mais tachetés de confessions plus ou moins intimes jusqu'à ce que l'on décide de faire un baby foot ( dans cet ordre). J'ai mis un but, mais je ne sais plus qui a gagné. Ensuite, on a recommencé un cycle de discussion assurées et violemment intimes ( des phrases comme : " je t'aime " jaillirent de certaines de nos bouches ( à ce moment là, nous avions tous plusieurs bouches), sortant de temps en temps pour fumer une clope. Avec Roberto Parodi, on a fini nos paquets respectifs sur le trottoir en trempant une clef directement dans le petit paquet plastique ( je ne connaissais pas cette technique ( je ne prends pas souvent de cocaïne, je trouve que c'est une drogue de psychanalyste ( mais c'est pratique cette technique )). Les yeux bleu ont encore couru derrière le jogging de quarante ans et on a fini par rentrer à pieds vers six heures du matin en mangeant des double-cheese que l'on avait acheté dans un mac do qui ne ferme jamais et qui , à six heures du matin, semblait avoir subit l'affront d'une tornade malveillante ( ou alors, il ( le mac do) semblait s'être fait piétiner par une colonie de vacances géante ( en fait, dans ce mac do, on pourrait juste penser que les Huns existent toujours mais qu'il ne font plus cuire leur steak sous leurs selles )).

Le lendemain, Bonnita Troccoli m'a tiré du lit vers 10 heures et j'ai cru que j'allais vomir mais non. On a péniblement enfourché nos bicyclettes et on est parti retrouver Rigoberto McMillan et son pote Septimus T. Stevenson chez Rigoberto McMillan. On devait rejoindre la ville de La Pocatière, dans le plus-ou-moins Nord du Québec sur la rive sud du Saint-Laurent pour participer à une fête de thématique "Hillbilly ". Accroché au rétroviseur de la voiture de Septimus T. Stevenson, il y avait une cassette fondue :



On a quitté Montréal en se trompant de chemin et en dérivant au milieu des échangeurs autoroutiers. Une fois sortis de la ville, un camion nous a doublé :



et on s'est arrêté pour acheter de l'essence dans une station Gaz-O-Bar :



Le pompiste était enthousiaste :



et j'ai mis quelques coup de pieds dans le cul de Rigoberto McMillian pendant que Septimus T. Stevenson vérifiait l'huile :



On était plutôt joyeux et sensible ( nous avons été très touché par les couleurs locales :


)

Quatre heures plus tard, nous sommes arrivé à la Pocatière et nous avons été acheté de la bière, de la viande, des œufs et du bacon au supermarché du centre-ville. On ne quittait pas nos chapeaux :



et, à l'entrée du centre commercial, j'ai vu une petite annonce pour une course de rongeurs toute races confondues :



Ensuite on a fait la fête. De ma vie, je n'ai jamais autant écouté de musique country. Septimus T. Stevenson s'est petit à petit transformé en un genre de Bacchus, ventre-à-l'air / chemise-ouverte, hurlant de long monologue quand il ne chantait pas ( très bien) des chansons de Hank Williams Senior :



Rigoberto McMillian a joué de la batterie ( très bien ( il est important de préciser que Rigoberto avait choisi pour déguisement quelque chose d'indirectement relatif au thème Hillbilly : vêtu d'une simple camisole de force et d'un petit bonnet rond, il évoquait, pour moi, quelque chose d'un personnage de conte de noël, l'avare puni pour son avidité mais qui serait aussi un Billy des collines ( bizarrement, la camisole faisait penser à une chemise de nuit ))) et j'ai joué (un peu) d'un genre de basse campagnarde ( très moyennement ( je ne sais pas comment on appelle ce machin mais il y aura une photo à la fin de ce texte)). J'ai aussi discuté avec de jeunes agriculteurs locaux qui m'ont appris la guerre iroquoise — des embuscades principalement — et qui m'ont précisément renseigné sur le problème hygièno-nord-américain de production de fromage au lait cru. Je portais une perruque de cheveux gris, une salopette et une chemise à carreaux. D'autres était en pyjama de cow-boy. Bonnita Troccoli avait une salopette, une chemise à carreaux et un grand chapeau de quaker. Certains avait volontairement taché leurs habits de traces de terre ou de sauce à la tomate. La blague récurente de la soirée semblait être l'évocation d'une consanguinité possible entre nous tous. Les gens parlaient hillbilly-québécois et on nous conseillé de nous mettre des patates dans la bouche ou du sopalin afin d'atteindre la norme linguistique. On a chanté des chansons québécoises ( Plume Latraverse et d'autres que je ne connaissais pas). J'avais mon pyjama sous ma salopette et il m'est arrivé de devoir le remonter en dansant. On a dansé des gigues. On a sifflé et crié : " Yeeeeeeha ". Je tiens à préciser que l'on a tous plus ou moins vomi quelque part parce que l'on a tous plus ou moins bu trop vite ( sauf peut-être Septimus qui n'a rien dit de tel).

La soirée s'est terminé dans la confusion en ce qui me concerne. J'étais persuadé que ma femme Bonnita Troccoli voulait se taper le maître de maison, parce qu'il a une maison et qu'il adore faire des fêtes déguisé, passion qu'il partage avec Bonnita Trocoli, alors que chez moi, les fêtes déguisé, ce n'est pas vraiment naturel et que je n'ai même pas de maison où les faire. Il était derrière le comptoir du bar en train de discuter avec Bonnita. Je les ai rejoint. Je lui ai commandé une bière et très rapidement un jeune homme à la moustache à peine naissante, pas loin d'être prépubère, est arrivé. Il ( le maître de maison que l'on va appellé Morton Chung) nous as proposer de nous faire un cocktail et je n'ai pas pu refuser, emporté par l'enthousiasme des cheveux de mon voisin de bar qui s'est mis à secouer la tête en disant quelque chose comme : " yeah! " mais plusieurs fois de suite et en longueur comme : " yeah-yeah-yeaaaah! " et puis plus rien. J'ai regardé Morton Chung :



remuer son pyjama devant ma femme et ça me cassait passablement les couilles qu'elle laisse dépasser ce morceau d'épaule en faisant de l'œil à cet enfoiré qui était très certainement en train de me préparer un cocktail pour m'assommer et me piquer ma femme pendant mon sommeil.

Quand Morton Chung a eut fini de préparer sa potion, l'escogriff silencieux posé à mes côtés s'est mis à sautiller en disant quelque chose comme : : " Oh ! on est chôyé ( en faisant traîner le o circonflexe particulièrement QC ), tu nous chôôôôye mon pote " et j'ai n'ai pas pu m'empêcher de rigoler. Finalement, j'ai décidé que Bonnita Troccoli faisait ce qu'elle voulait et je suis partis fumé une clope sur la terrasse où j'ai tout de suite balancé mon cocktail dans l'herbe. J'ai pris une grande inspiration et, tandis que ces putains de banjo n'en finissait pas de grincer, j'ai éclaté de rire, j'ai bu un verre d'eau et je suis partis me coucher avant de devenir trop con. Finalement, j'ai mal dormis sur ma jalousie en maudissant les femmes et leurs épaules.

Le lendemain, on a glandé sur des chaises à bascule pendant une bonne partie de la matinée :



Ce pays de cocagne :



avait la particularité d'être planté en plein milieu d'autres maisons :



beaucoup plus " normales". Apparemment, les voisins s'accommodent des fêtes récurrentes et thématiques de Morton Chung. Vers 14h, Morton Chung nous as proposé d'aller voir-un-point-de-vue et on est monté dans sa voiture dont le siège du conducteur est retenu par un morceau de bois :



On est passé prendre un peu de bière au servi express qui vend aussi de la glace Klondike ( le Klondike est une région d'Alaska, la région de la deuxième ruée vers l'or, la région où Jack London a appris l'importance des allumettes) et on a vu, juste à côté du magasin, derrière le panneau publicitaire, une maison en bardeau de cèdre :



Puis on a repris la route en longeant une bosse qui — notre hôte nous l'apprendras en haut de la colline — est un reste de cailloux que les glaciers n'ont pas réussi à détruire lors de la fonte glaciaire qui a creusé cette vallée. Ce cailloux très dur porte un nom amérindien. Quelque chose comme monade-quelque chose :



On est descendu de la voiture au moment où la route est devenu un chemin de terre et on a commencé à marcher. De temps à autre, passait un quad ou une voiture :



C'était grand :


Les cailloux ressemblait à ça :



Puis on est arrivé au sommet de cette espèce de longue colline, on s'est assis et on a bu nos bières en regardant le paysage :



On a appris que tout le blé qui pousse dans ces champs sert à nourrir les vaches laitières des fermes de la région :



En arrivant à la maison, on retrouvé un type entre deux balançoires qui jouait du genre de basse que je ne saurais nommé :


et une poule-punk-roi-soleil :



Un train d'au moins trois kilomètres de long est passé dans le dos de Septimus T. Stevenson :



On a fini par reprendre la route en écoutant du blues de Louisiane et en parlant de ponceuse électrique :




Et le soleil s'est couché sur la cassette fondue :



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Le lendemain, il a neigé, -2 en température ressentie ( peut-être à cause du facteur vent), dix centimètres de neige, n'importe quoi.

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P.S : Avant de reprendre la route, on a longé le Saint-Laurent qui devient pratiquement une mer à partir de cet endroit. C'était splendide. Il y avait des oies qui volaient dans le bleu ciel, pas vraiment un groupe uniforme d'oies mais plusieurs petits groupes et parfois un grand groupe qui réussissait à tenir le V. Je sais que l'oie qui se retrouve à la pointe du V n'y reste pas longtemps. Il y a un relais d'oies parce que c'est très dur d'être à la pointe du V. La plupart du temps, les oies ne maintiennent pas le V et le V se disloque d'une manière un peu moléculaire, ou comme une colonne vertébrale , ou comme un scolopendre, ou comme une chaîne de vélo désarticulée. De petits points blanc et noir qui se déplacent tous ensemble, un peu comme un banc de poissons, avec des effets , disons, de réaction en chaîne, sur un ciel tellement bleu qu'il en frise tes pupilles d'électricité.

mercredi 14 avril 2010

sans titre

Hier Bonnita Troccoli a eu un accident de vélo ( rien de grave, genou un peu blessé). J'ai été la voir aux urgences dans lesquelles j'ai vu des trucs comme :

une tâche flippante au plafond :



des phrases incompréhensibles :



des crochets au plafond :


un interrupteur :



un marche-pied :



un tabouret :




EFPTOZ :




un rideau :

Après, un docteur est arrivé et elle a tiré le rideau pour me cacher la vue de ma femme en train de se faire tripoter par une inconnue.

J'ai vu leurs pieds respectifs :



Aujourd'hui, je me suis baladé, et je suis tombé sur quelque chose qui m'a profondément redonné foi dans cette magnifique contrée ( attention! le son est fort et strident) :



où l'on expose les aventures illégitimes de Frankenstein :


Ensuite, je suis tombé sur un champ de bouches d'aérations :



et un bâtiment que je me suis promis de visiter prochainement :


Je suis passé dans un magasin qui , au moins, avait le mérite de dire les choses franchement :



En rentrant chez moi, j'ai croisé un accident de voiture assez grave :




et c'est tout pour aujourd'hui.

vendredi 9 avril 2010

Picnic-viol (de patinoire) / La Mission à Val David :



Dimanche matin, on a proposé à Bingo, Parthenia Raupach, Ungariio Ygotj ( 15 mois), Rigoberto McMillan et Roberto Parodi de faire un picnic dans le parc à côté de chez de nous, le parc Laurier. Dehors, il faisait soleil, mais il ne faisait pas chaud, bien qu'il fasse soleil quand même ( je veux dire : même si il y avait du vent ( un peu froid), il faisait beau avec un ciel gris/bleu ( le fond de l'air était fr ( en ce qui concerne les blogs météorologiques, en France, il existe un maître bien plus sérieux que moi : rencontrez-le ici ( le fond de l'air était frais, c'est-à-dire que ce n'était plus vraiment l'été comme hier, l'été avec son fond de l'air chaud mais, pour autant, ce n'était définitivement plus l'hiver ( bien que l'on ne puisse qualifier cette période " ni-hiver-ni-été" de " printemps ", par rapport à ce qui qualifie le " printemps" en France ( par exemple, ici, pour l'instant, l'air, avec son fond d'air frais, ne sent rien, aucun parfum ( enfin bref, sur la route du pic-nic, on croisé un poteau estropié :


dans un fond d'air frais mis en lumière par un soleil tiède ( on a aussi vu une pile de blocs en béton ridiculiser un panneau vert :



)

Arrivé dans le parc Laurier, on a attendu les autres. On était en avance. On a vu une patinoire déconstruite :



et une congère échouée en train de fondre :



La veille, le vent avait soufflé jusqu'à ouvrir une des portes de notre appartement, jusqu'à tordre des restes de patinoire pas encore déconstruite :



et jusqu'à casser des crosses :



Le pic-nic s'est bien passé. On a mangé de la cancoillote, importé illégallement du Jura, et d'autres fromages. On a bu des bières. À un moment, le vent et son fond d'air frais ont laissé volé vers moi quelque sac plastique remplit de papiers gras. Roberto Parodi et Rigoberto McMillan ont suggéré que j'attirais ce genre d'éléments, comme un aimant à poubelles. J'ai ri en leur proposant d'aller se faire foutre. Bingo, n'est pas resté très longtemps parce qu'il doit bientôt partir à Saskatoon, à 9 000 kilomètres de Montréal. Ungariio Ygotj n'était pas très en forme, il avait une grippe et son nez était plein de choses très désagréables, pour lui comme pour nous, mais il s'est bien comporté, jouant joyeusement avec de petits morceaux de fromages tout en subissant les méthodes pédagogiques dures de Rigoberto McMillan, qui voulait à tout prix lui apprendre la différence entre un fromage à pâte cuite et un fromage à pâte crue ( il répétait, en alternant les morceaux entre les doigt d'Ungariio : Pâte cuite ... Pâte crue ... Pâte cuite ... Pâte crue). J'ai eu une micro-prise de bec avec Parthenia Raupach, en grande partie parce que je poussais trop loin quelques mauvais blagues sur le tribadisme de certaines de ses amies. Et après que Bingo, Parthenia Raupach et Ungariio Ygotj ( 15 mois) soient partis , Rigoberto McMillan et Bonnita Troccoli ont joué au Freesbee. Je suis resté seul avec Roberto Parodi, à boire des bières en fumant des clopes tout en discutant de la démarche étrange, complexe, intéressante, terrifiante, froide, juste de Maître Jacques Vergès.

Vers 14h, Bonnita Troccoli et moi-même avons laissé Rigoberto McMillan bondir vers de flottants freesbee (un ami l'avait rejoint). Nous avons pris le métro pour aller dans le centre-ville dans l'espoir de trouvé une voiture de location :



Nous étions un dimanche de pâques et le centre-ville était complètement désert :



quoique toujours aussi post-moderne ( dorénavant, face à une quelconque post-modérnité-américaine-vu-par-un-européen-à-l'œil-vif-et-éclairé, j'utiliserais le signe : No PoMo) :



Le loueur de voiture n'avait plus de voitures disponibles ( comme tout ses collègues dans toute la ville). La pensée qui traversa notre esprit, à Bonnita Troccoli et à moi-même, tient en ces quelques mots : on a qu'à prendre le bus, et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvé à la gare routière en train de prendre en photo des cendriers cadenassés :



et des bus Bégin :



et des boules noires encastrées qui observent le dos des lampadaires ( si vous le permettez, le lampadaire serait la girafe et les boules noires, l'hippopotame) :



On est monté dans le bus, et — merci-mon-dieu! — Bonnita Troccoli s'est assise à côté de moi et j'ai pu voir ça :



Ensuite, elle s'est assoupie et j'ai photographié tout ce qui me passait sous le nez en essayant de toujours viser le soleil :













Puis j'ai vu une grappe de nuages :



Une route vraiment très large et du soleil :



Un trottoir :



Je me suis dit : l'Amérique est une drôle d'idylle :



Et j'ai décidé de photographier des blocs :




On a commencé à vraiment rentrer dans les Laurentides ; sapins, sapins, si tu veux :




et j'ai aperçu des tuyaux de parc d'attraction qui ressemblaient à des tuyaux d'usine ( No PoMo) :



et on est passé devant une zone commerciale déguisé en petit village authentique ( No PoMo) :




Arrivé à Val David, on a été accueilli par des Ours Polaires hiératiques :




Dont un, particulièrement, qui semblait s'être laissé aplatir d'un coup de planche en pleine tronche :



Un peu comme une prof de Yoga au bord d'un lac qui semble une mer :


Ou des échassiers sur un parking ( no PoMo) :



Bref, Val David, ça ressemble à ça :



Et sur la terrasse du bistro principal ( un truc Van Houtte ( donc une chaîne de bistros principaux ( je crois))), on diffuse du jazz comme ça :


Juste en face du Van Houtte, un complexe d'ostéopathe qui s'imagine multi-tâches :




et, à une terrasse déserte qui jouxte le panneau/programme du complexe de l'ostéopathe :


une tierce de ballons multicolores :



( le petit dégonflé n'est qu'un faire-valoir).

Dans la cabine téléphonique, c'est l'horreur ( crime stoppers = " délation " ( en français dans le texte ?)) :



Au-dessus de la cabine, on détruit le mot " expérience " avec la prétention d'un esthéticien :



et à droite de l'expérience vidée de son sens, enfin, du rose, du rose, du rose au pays des frites et du lait :

Un peu plus loin, un gros cailloux est posé sur un petit cube de béton ( no PoMo) :



Et enfin l'entrée du parc à luge :



( Là, on s'incline devant cette brillante signalétique ( je ne suis pas ironique). Quoi de plus clair qu'une luge pour signifier le parc à luge, hein ? En plus, c'est joli et tellement littéral que ça en devient véritablement poétique ( et l'on se prend à rêver d'enseignes chevelues qui calmerait les prétentions des esthéticiens ( vive les enseignes muettes).

Et puis ( euh... décalage temporel involontaire ( mais je ne vais pas reprendre ce truc pour le mettre chronologiquement d'équerre ( en vérité, on a déjà dormi à Val David, là on est le lendemain de notre arrivée dans une auberge de jeunesse construite tout en rondin de bois où l'on s'est fait un barbecue en arrivant et où l'on a bu une bouteille de vin blanc importé illégalement du Jura et où l'on a été très gentillemment accueilli par deux vieux hippies et où l'on a pris une joli petite chambre tout en rondin de bois comme ça :



et où il y a une cheminée positivement obèse (pas dans notre chambre, dans le salon de l'auberge :

où il y a des jeux de société, genre :



) et derrière l'auberge de jeunesse, on trouve aussi des jerrican gros comme des cheminées :

et des cabanes-au-Canada aux jardins-mal-rangés:



et des portes marrons :



et des canœ qui attendent leur heure :



et des pelles bleues :



et des nuages dans le ciel :



Bref, voilà où nous en sommes : c'est le lendemain matin, il pleut et on va marcher dans un parc) à l'entrée du parc naturel de Val David, un trou bleu et une branche dedans :



Chers amis :

*** VOICI À QUOI RESSEMBLE LA TROP MÉCONNUE FONTE DES NEIGES **** :




Arrivés en haut du rocher principal du parc naturel de Val David, on voit un paysage comme ça :



assis sur un banc archaïque ( No PoMo) :


( Sur le banc, dédicace à Ismaël :

)

avant de plonger dans l'œil de Bonnita Troccoli :



Ensuite, en redescendant, on a vu de la mousse verte fluorescente :


et de Fiers Sapins Futurs Conquérants des Altitudes :


On est passé par le Van Houtte se prendre un chocolat chaud, et on a commencé à errer dans la ville en discutant. À un moment, on a vu ce panneau :

et puis cette maison :

et puis ce paysage :

et puis cette table :

et puis ce garage aérodynamique :


et puis ces arbustes exhibitonnistes ( ou cette green-maison-pompom-girl) :

et puis ce morceau de tissu enroulé autour d'une chose inconnue planté dans le sol du parking d'une maison (no Homo) :

Et nous nous sommes aperçu que nous étions rentré, malgré nous et sans nous en apercevoir, dans un modèle pour le plus horrible labyrinthe, un " parc linéaire ", un parc en une seule ligne, une ancienne voie de chemin de fer aménagée en piste cyclable :

qui part de Montréal et va jusqu'en Abitibi parcourant deux cent kilométres sans s'arrêter, sauf lorsqu'elle est interrompue par une langue de neige déprimée :

coincée entre deux poteau rose qui servent d'excuse à une menace (no PoMo) :

Tout à la fin de cette longue promenade en ligne droite, alors que nous retournions vers le village, la bipolarité climatique du Canada s'est encore manifesté en nous offrant le retour d'un grand ciel bleu :



Avant de rentrer à l'auberge, nous sommes passé au supermarché ( le metro) planté en plein milieu de la ville. On a acheté des pâtes fraîches, des lanières de fesses de porc et de la coriandre. Dans le supermarché, nous avons découvert : ceci n'est pas un bidet pour échassier perdu dans un supermarché :



Il semblerait plutôt que ceci se préoccupe de la fraîcheur du vin rouge et/ou du vin blanc :

en remplissant une cuvette d'eau glacée, où vous pourrez plonger vos bouteilles afin de rafraîchir vos pinards :


Enfin, on est reparti vers l'auberge de jeunesse afin de faire griller nos lanières de fesses de porc :



et sur la route, on a croiser le plus bref trottoir du Canada :



et les deux premiers jours étaient terminés.
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La mission :

Bonnita Troccoli a un but dans la vie. Elle veut vivre avec des gens. Mais Bonnita Troccoli est très exigeante. Elle ne veut pas vivre n'importe comment avec n'importe qui. Elle a des affinités particulières. Si nous sommes parti à Val David, c'est pour visiter et se renseigner sur un endroit avec des gens, savoir un peu comment ça se passe.

On s'est levé à 7h30 du matin et nous sommes partis prendre le petit déjeuner avec les gens de la Maison Emmanuel , située en plein milieu de la rue principale de Val David . En rentrant, chacun a mis de gros chausson par-dessus ses chaussures :


et on s'est assis sur des chaises autour d'une table. Au début, ça fait comme un choc, parce que ces gens disent des mots avant de prendre leur petit déjeuner, ils se tiennent par la main et remercient quelqu'un pour leur repas. Nous n'étions pas vraiment réveillé, et tous ces gens avec leurs mots nous ont plutôt fait flippé. Et puis on a mangé ensemble un bol de céréales. À la fin du repas, on a éteint une bougie et on a rien dit jusqu'à ce que la fumée de la bougie disparaisse. C'était : fermer le repas. Et puis les gens se sont mis à faire la vaisselle et on m'a demandé de passé un coup de balai, histoire de dépanner. Tout les gens était vraiment gentils avec nous en nous serrant la main et en nous demandant et redemandant notre nom. Je me suis senti à l'aise ( le balai aide beaucoup pour ce genre de confort). Et puis certains sont partis faire leurs activités, qui à la boulangerie, qui au métier à tisser, qui je-ne-sais-où.

Nous sommes resté à boire un café et à discuter avec Kathie Vermont qui nous expliqué, entre autres choses, qu'elle avait fait des études d'éducateur spécialisé mais qu'en vérité elle ne voulait éduquer personne, qu'elle voulait juste vivre avec des gens et que c'est cela qu'elle faisait ici. Elle nous as dit aussi que les limites d'un endroit comme celui-là, c'est que t'as un peu l'impression de vivre dans une colonie de vacances permanente ( et j'ai pensé que la vie de rmiste/touriste a exactement les mêmes limites) mais qu'en même temps, ce cadre, ça aide beaucoup et que c'est quand même mieux avec un cadre — je sortais régulièrement fumer des clopes et Bonnita Troccoli et Kathie Vermont discutaient de l'importance du cadre ( Bonnita Troccoli travaille actuellement dans un endroit où il n'y a pas vraiment de cadre et c'est pas compliqué : elle en prend plein la gueule). Bref, Kathie Vermont nous a aussi rassurés : les mots avant le repas étaient des mots ( elle nous a aussi parlé d'une amie un peu plus catholique qu'elle, qui était choqué par cette façon de faire : Comment ? Un groupe de débile, de déplumé, des cassés-de-partout, qui chantent un truc à moitié sans jamais faire la prière tout entière ?), le moment de silence après la bougie, c'était surtout parce que la maison est toujours très agité, pleine de gens, très bruyante et que ce petit silence fait du bien à tout le monde, that's it (aussi, Kathie Vermont a dit : " en vérité ce qui est dur, c'est de vivre à plusieurs, comme avec n'importe qui " et tu te dit oui mais pourquoi vivre avec des gens avec des " besoins spéciaux " comme on dit ici ( des gens) ? Ok > Institutions = Gens déplacés = Gens loin de chez eux = Loin de leur famille ? Mais ici, Griselda ( qui est un petit morceau de femme avec des airs de diva à lunettes posés sur un fauteuil roulant), d'après ce que j'ai compris, est là depuis qu'elle est petite et Gary aussi ( à un moment, plus tard dans la journée, Gary s'est mis à dire des mots français : bonjour, bonjour, comment ça va et je lui dit : " hé ! tu parle français alors ? " ( il est plutôt anglophone) et lui de s'arrêter et de repartir sur un autre truc, un autre écho de ce qui l'entoure ( et pendant que je dors dans la voiture, lui qui fait signe " chut! " avec ses doigts ( tout en continuant à les agiter ) comme s'il me veillait ou quoi ? ))) alors c'est comme leur vraie maison ici, c'est pas une histoire de déplacer des gens, ils ont passé leur vie ici.

Ensuite on a été voir la boulangerie. On est rentré et Trish m'a alpagué au moment où je lui serrait la main, et il m'a conduit vers un calendrier et il m'a montré une date et je lui ai dit : " euh... yes, euh... I don't know what's the day today, I'm not good at dates " ( Trish est anglophone) et il m'a alors entraîné, en me tirant fort sur la main, vers un poste de radio et il a allumé la radio et je lui ai dit : " euh.. I don't know how that works man, what you ... You want music or what ? " et Trish rigolait super fort et il a fini par me mettre un petit direct dans le ventre avant de repartir vers ses gâteaux. Il y avait aussi Amy, qui m'a tout de suite dit : " High five !" et on s'est tapé dans la main. Amy a dit : " oh ! You're a visitor, I'm gonna be ... like the tourist ... How it is ? I'm gonna be ... " et j'ai " Guide" et elle a dit " Yes, I'm gonna be your guide through the community ".

Alors, il faut bien comprendre, qu'ici, c'est l'Amérique et communauté, ce n'est pas vraiment le même mot, en tout cas communauté c'est pas ridicule ici, communauté c'est juste pas pareil, il y a une différence culturelle là ( je crois ( mais il doit bien y avoir des américains qui moque le mot communauté, mais à la limite, moi, eux, je m'en fous, je dis oui à l'Amérique et à son usage général du mot communauté ( quoique, dans la situation qui nous occupe, communauté est peut-être l'autre nom d'institution ( enfin, bref, tout ça est très complexe)).

Et puis on est monté à l'étage et on a vu des métiers à tisser et un mec-dextérité concentré sur un beau tissu vert et bleu. Et puis on repartis aider Kathie Vermont à préparer des spaghettis pour dix. Puis re-les mots et le repas et après le repas notre guide officiel, Amy, nous as fait visiter l'endroit où sont exposé les poteries de l'atelier poterie :





Parmi toutes les poteries, on aussi découvert un message caché ( cliquez sur l'image pour l'agrandir) :


Et puis nous sommes partis en voiture visiter les autres maisons de la Maison Emmanuel, un peu loin, dans la campagne. Là-bas, il y a des cabanes comme ça :



et des caravanes comme ça :


et des poules énormes :


entre autres choses ( une des maisons est construite avec les plus grosses poutres que j'ai jamais vue de ma vie :



et on a fini par discuter Phynance ( Maison Emmanuel est financé ( par ordre d'importance ) : 1. par l'état 2. par des dons privés ( entreprises) 3. par des bénévoles 4. par eux-même ( ils produisent leur pain, leurs vaisselles, vendent leur tissus, etc.)) avec les gens-des-bureaux. Finalement, nous sommes retourné à la maison du centre-ville et ça été assez difficile de partir. On est resté pour dîner et encore un peu après-dîner. En partant, Grieslda la Diva m'a serré très fort dans ses bras.

En rentrant dans notre chambre, Bonnita Troccoli a dit : " moi j'ai envie de prendre des cours de massages. C'est vraiment des corps qui ne sont jamais touchés, jamais caressés " et je me suis moqué d'elle : " ah ouais, t'es une sainte, toi. Tu veux baiser les pieds des lépreux ". Ce soir-là on a regardé un documentaire sur le massacre de la forêt boréale par des insectes mécaniques terrifiants qui passent leur journées à dévorer de l'épinette en écoutant une trans-goa vraiment glauque :




et sûr qu'en rentrant chez nous le lendemain, je ne voyais plus la forêt de la même façon.