vendredi 9 avril 2010

Picnic-viol (de patinoire) / La Mission à Val David :



Dimanche matin, on a proposé à Bingo, Parthenia Raupach, Ungariio Ygotj ( 15 mois), Rigoberto McMillan et Roberto Parodi de faire un picnic dans le parc à côté de chez de nous, le parc Laurier. Dehors, il faisait soleil, mais il ne faisait pas chaud, bien qu'il fasse soleil quand même ( je veux dire : même si il y avait du vent ( un peu froid), il faisait beau avec un ciel gris/bleu ( le fond de l'air était fr ( en ce qui concerne les blogs météorologiques, en France, il existe un maître bien plus sérieux que moi : rencontrez-le ici ( le fond de l'air était frais, c'est-à-dire que ce n'était plus vraiment l'été comme hier, l'été avec son fond de l'air chaud mais, pour autant, ce n'était définitivement plus l'hiver ( bien que l'on ne puisse qualifier cette période " ni-hiver-ni-été" de " printemps ", par rapport à ce qui qualifie le " printemps" en France ( par exemple, ici, pour l'instant, l'air, avec son fond d'air frais, ne sent rien, aucun parfum ( enfin bref, sur la route du pic-nic, on croisé un poteau estropié :


dans un fond d'air frais mis en lumière par un soleil tiède ( on a aussi vu une pile de blocs en béton ridiculiser un panneau vert :



)

Arrivé dans le parc Laurier, on a attendu les autres. On était en avance. On a vu une patinoire déconstruite :



et une congère échouée en train de fondre :



La veille, le vent avait soufflé jusqu'à ouvrir une des portes de notre appartement, jusqu'à tordre des restes de patinoire pas encore déconstruite :



et jusqu'à casser des crosses :



Le pic-nic s'est bien passé. On a mangé de la cancoillote, importé illégallement du Jura, et d'autres fromages. On a bu des bières. À un moment, le vent et son fond d'air frais ont laissé volé vers moi quelque sac plastique remplit de papiers gras. Roberto Parodi et Rigoberto McMillan ont suggéré que j'attirais ce genre d'éléments, comme un aimant à poubelles. J'ai ri en leur proposant d'aller se faire foutre. Bingo, n'est pas resté très longtemps parce qu'il doit bientôt partir à Saskatoon, à 9 000 kilomètres de Montréal. Ungariio Ygotj n'était pas très en forme, il avait une grippe et son nez était plein de choses très désagréables, pour lui comme pour nous, mais il s'est bien comporté, jouant joyeusement avec de petits morceaux de fromages tout en subissant les méthodes pédagogiques dures de Rigoberto McMillan, qui voulait à tout prix lui apprendre la différence entre un fromage à pâte cuite et un fromage à pâte crue ( il répétait, en alternant les morceaux entre les doigt d'Ungariio : Pâte cuite ... Pâte crue ... Pâte cuite ... Pâte crue). J'ai eu une micro-prise de bec avec Parthenia Raupach, en grande partie parce que je poussais trop loin quelques mauvais blagues sur le tribadisme de certaines de ses amies. Et après que Bingo, Parthenia Raupach et Ungariio Ygotj ( 15 mois) soient partis , Rigoberto McMillan et Bonnita Troccoli ont joué au Freesbee. Je suis resté seul avec Roberto Parodi, à boire des bières en fumant des clopes tout en discutant de la démarche étrange, complexe, intéressante, terrifiante, froide, juste de Maître Jacques Vergès.

Vers 14h, Bonnita Troccoli et moi-même avons laissé Rigoberto McMillan bondir vers de flottants freesbee (un ami l'avait rejoint). Nous avons pris le métro pour aller dans le centre-ville dans l'espoir de trouvé une voiture de location :



Nous étions un dimanche de pâques et le centre-ville était complètement désert :



quoique toujours aussi post-moderne ( dorénavant, face à une quelconque post-modérnité-américaine-vu-par-un-européen-à-l'œil-vif-et-éclairé, j'utiliserais le signe : No PoMo) :



Le loueur de voiture n'avait plus de voitures disponibles ( comme tout ses collègues dans toute la ville). La pensée qui traversa notre esprit, à Bonnita Troccoli et à moi-même, tient en ces quelques mots : on a qu'à prendre le bus, et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvé à la gare routière en train de prendre en photo des cendriers cadenassés :



et des bus Bégin :



et des boules noires encastrées qui observent le dos des lampadaires ( si vous le permettez, le lampadaire serait la girafe et les boules noires, l'hippopotame) :



On est monté dans le bus, et — merci-mon-dieu! — Bonnita Troccoli s'est assise à côté de moi et j'ai pu voir ça :



Ensuite, elle s'est assoupie et j'ai photographié tout ce qui me passait sous le nez en essayant de toujours viser le soleil :













Puis j'ai vu une grappe de nuages :



Une route vraiment très large et du soleil :



Un trottoir :



Je me suis dit : l'Amérique est une drôle d'idylle :



Et j'ai décidé de photographier des blocs :




On a commencé à vraiment rentrer dans les Laurentides ; sapins, sapins, si tu veux :




et j'ai aperçu des tuyaux de parc d'attraction qui ressemblaient à des tuyaux d'usine ( No PoMo) :



et on est passé devant une zone commerciale déguisé en petit village authentique ( No PoMo) :




Arrivé à Val David, on a été accueilli par des Ours Polaires hiératiques :




Dont un, particulièrement, qui semblait s'être laissé aplatir d'un coup de planche en pleine tronche :



Un peu comme une prof de Yoga au bord d'un lac qui semble une mer :


Ou des échassiers sur un parking ( no PoMo) :



Bref, Val David, ça ressemble à ça :



Et sur la terrasse du bistro principal ( un truc Van Houtte ( donc une chaîne de bistros principaux ( je crois))), on diffuse du jazz comme ça :


Juste en face du Van Houtte, un complexe d'ostéopathe qui s'imagine multi-tâches :




et, à une terrasse déserte qui jouxte le panneau/programme du complexe de l'ostéopathe :


une tierce de ballons multicolores :



( le petit dégonflé n'est qu'un faire-valoir).

Dans la cabine téléphonique, c'est l'horreur ( crime stoppers = " délation " ( en français dans le texte ?)) :



Au-dessus de la cabine, on détruit le mot " expérience " avec la prétention d'un esthéticien :



et à droite de l'expérience vidée de son sens, enfin, du rose, du rose, du rose au pays des frites et du lait :

Un peu plus loin, un gros cailloux est posé sur un petit cube de béton ( no PoMo) :



Et enfin l'entrée du parc à luge :



( Là, on s'incline devant cette brillante signalétique ( je ne suis pas ironique). Quoi de plus clair qu'une luge pour signifier le parc à luge, hein ? En plus, c'est joli et tellement littéral que ça en devient véritablement poétique ( et l'on se prend à rêver d'enseignes chevelues qui calmerait les prétentions des esthéticiens ( vive les enseignes muettes).

Et puis ( euh... décalage temporel involontaire ( mais je ne vais pas reprendre ce truc pour le mettre chronologiquement d'équerre ( en vérité, on a déjà dormi à Val David, là on est le lendemain de notre arrivée dans une auberge de jeunesse construite tout en rondin de bois où l'on s'est fait un barbecue en arrivant et où l'on a bu une bouteille de vin blanc importé illégalement du Jura et où l'on a été très gentillemment accueilli par deux vieux hippies et où l'on a pris une joli petite chambre tout en rondin de bois comme ça :



et où il y a une cheminée positivement obèse (pas dans notre chambre, dans le salon de l'auberge :

où il y a des jeux de société, genre :



) et derrière l'auberge de jeunesse, on trouve aussi des jerrican gros comme des cheminées :

et des cabanes-au-Canada aux jardins-mal-rangés:



et des portes marrons :



et des canœ qui attendent leur heure :



et des pelles bleues :



et des nuages dans le ciel :



Bref, voilà où nous en sommes : c'est le lendemain matin, il pleut et on va marcher dans un parc) à l'entrée du parc naturel de Val David, un trou bleu et une branche dedans :



Chers amis :

*** VOICI À QUOI RESSEMBLE LA TROP MÉCONNUE FONTE DES NEIGES **** :




Arrivés en haut du rocher principal du parc naturel de Val David, on voit un paysage comme ça :



assis sur un banc archaïque ( No PoMo) :


( Sur le banc, dédicace à Ismaël :

)

avant de plonger dans l'œil de Bonnita Troccoli :



Ensuite, en redescendant, on a vu de la mousse verte fluorescente :


et de Fiers Sapins Futurs Conquérants des Altitudes :


On est passé par le Van Houtte se prendre un chocolat chaud, et on a commencé à errer dans la ville en discutant. À un moment, on a vu ce panneau :

et puis cette maison :

et puis ce paysage :

et puis cette table :

et puis ce garage aérodynamique :


et puis ces arbustes exhibitonnistes ( ou cette green-maison-pompom-girl) :

et puis ce morceau de tissu enroulé autour d'une chose inconnue planté dans le sol du parking d'une maison (no Homo) :

Et nous nous sommes aperçu que nous étions rentré, malgré nous et sans nous en apercevoir, dans un modèle pour le plus horrible labyrinthe, un " parc linéaire ", un parc en une seule ligne, une ancienne voie de chemin de fer aménagée en piste cyclable :

qui part de Montréal et va jusqu'en Abitibi parcourant deux cent kilométres sans s'arrêter, sauf lorsqu'elle est interrompue par une langue de neige déprimée :

coincée entre deux poteau rose qui servent d'excuse à une menace (no PoMo) :

Tout à la fin de cette longue promenade en ligne droite, alors que nous retournions vers le village, la bipolarité climatique du Canada s'est encore manifesté en nous offrant le retour d'un grand ciel bleu :



Avant de rentrer à l'auberge, nous sommes passé au supermarché ( le metro) planté en plein milieu de la ville. On a acheté des pâtes fraîches, des lanières de fesses de porc et de la coriandre. Dans le supermarché, nous avons découvert : ceci n'est pas un bidet pour échassier perdu dans un supermarché :



Il semblerait plutôt que ceci se préoccupe de la fraîcheur du vin rouge et/ou du vin blanc :

en remplissant une cuvette d'eau glacée, où vous pourrez plonger vos bouteilles afin de rafraîchir vos pinards :


Enfin, on est reparti vers l'auberge de jeunesse afin de faire griller nos lanières de fesses de porc :



et sur la route, on a croiser le plus bref trottoir du Canada :



et les deux premiers jours étaient terminés.
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La mission :

Bonnita Troccoli a un but dans la vie. Elle veut vivre avec des gens. Mais Bonnita Troccoli est très exigeante. Elle ne veut pas vivre n'importe comment avec n'importe qui. Elle a des affinités particulières. Si nous sommes parti à Val David, c'est pour visiter et se renseigner sur un endroit avec des gens, savoir un peu comment ça se passe.

On s'est levé à 7h30 du matin et nous sommes partis prendre le petit déjeuner avec les gens de la Maison Emmanuel , située en plein milieu de la rue principale de Val David . En rentrant, chacun a mis de gros chausson par-dessus ses chaussures :


et on s'est assis sur des chaises autour d'une table. Au début, ça fait comme un choc, parce que ces gens disent des mots avant de prendre leur petit déjeuner, ils se tiennent par la main et remercient quelqu'un pour leur repas. Nous n'étions pas vraiment réveillé, et tous ces gens avec leurs mots nous ont plutôt fait flippé. Et puis on a mangé ensemble un bol de céréales. À la fin du repas, on a éteint une bougie et on a rien dit jusqu'à ce que la fumée de la bougie disparaisse. C'était : fermer le repas. Et puis les gens se sont mis à faire la vaisselle et on m'a demandé de passé un coup de balai, histoire de dépanner. Tout les gens était vraiment gentils avec nous en nous serrant la main et en nous demandant et redemandant notre nom. Je me suis senti à l'aise ( le balai aide beaucoup pour ce genre de confort). Et puis certains sont partis faire leurs activités, qui à la boulangerie, qui au métier à tisser, qui je-ne-sais-où.

Nous sommes resté à boire un café et à discuter avec Kathie Vermont qui nous expliqué, entre autres choses, qu'elle avait fait des études d'éducateur spécialisé mais qu'en vérité elle ne voulait éduquer personne, qu'elle voulait juste vivre avec des gens et que c'est cela qu'elle faisait ici. Elle nous as dit aussi que les limites d'un endroit comme celui-là, c'est que t'as un peu l'impression de vivre dans une colonie de vacances permanente ( et j'ai pensé que la vie de rmiste/touriste a exactement les mêmes limites) mais qu'en même temps, ce cadre, ça aide beaucoup et que c'est quand même mieux avec un cadre — je sortais régulièrement fumer des clopes et Bonnita Troccoli et Kathie Vermont discutaient de l'importance du cadre ( Bonnita Troccoli travaille actuellement dans un endroit où il n'y a pas vraiment de cadre et c'est pas compliqué : elle en prend plein la gueule). Bref, Kathie Vermont nous a aussi rassurés : les mots avant le repas étaient des mots ( elle nous a aussi parlé d'une amie un peu plus catholique qu'elle, qui était choqué par cette façon de faire : Comment ? Un groupe de débile, de déplumé, des cassés-de-partout, qui chantent un truc à moitié sans jamais faire la prière tout entière ?), le moment de silence après la bougie, c'était surtout parce que la maison est toujours très agité, pleine de gens, très bruyante et que ce petit silence fait du bien à tout le monde, that's it (aussi, Kathie Vermont a dit : " en vérité ce qui est dur, c'est de vivre à plusieurs, comme avec n'importe qui " et tu te dit oui mais pourquoi vivre avec des gens avec des " besoins spéciaux " comme on dit ici ( des gens) ? Ok > Institutions = Gens déplacés = Gens loin de chez eux = Loin de leur famille ? Mais ici, Griselda ( qui est un petit morceau de femme avec des airs de diva à lunettes posés sur un fauteuil roulant), d'après ce que j'ai compris, est là depuis qu'elle est petite et Gary aussi ( à un moment, plus tard dans la journée, Gary s'est mis à dire des mots français : bonjour, bonjour, comment ça va et je lui dit : " hé ! tu parle français alors ? " ( il est plutôt anglophone) et lui de s'arrêter et de repartir sur un autre truc, un autre écho de ce qui l'entoure ( et pendant que je dors dans la voiture, lui qui fait signe " chut! " avec ses doigts ( tout en continuant à les agiter ) comme s'il me veillait ou quoi ? ))) alors c'est comme leur vraie maison ici, c'est pas une histoire de déplacer des gens, ils ont passé leur vie ici.

Ensuite on a été voir la boulangerie. On est rentré et Trish m'a alpagué au moment où je lui serrait la main, et il m'a conduit vers un calendrier et il m'a montré une date et je lui ai dit : " euh... yes, euh... I don't know what's the day today, I'm not good at dates " ( Trish est anglophone) et il m'a alors entraîné, en me tirant fort sur la main, vers un poste de radio et il a allumé la radio et je lui ai dit : " euh.. I don't know how that works man, what you ... You want music or what ? " et Trish rigolait super fort et il a fini par me mettre un petit direct dans le ventre avant de repartir vers ses gâteaux. Il y avait aussi Amy, qui m'a tout de suite dit : " High five !" et on s'est tapé dans la main. Amy a dit : " oh ! You're a visitor, I'm gonna be ... like the tourist ... How it is ? I'm gonna be ... " et j'ai " Guide" et elle a dit " Yes, I'm gonna be your guide through the community ".

Alors, il faut bien comprendre, qu'ici, c'est l'Amérique et communauté, ce n'est pas vraiment le même mot, en tout cas communauté c'est pas ridicule ici, communauté c'est juste pas pareil, il y a une différence culturelle là ( je crois ( mais il doit bien y avoir des américains qui moque le mot communauté, mais à la limite, moi, eux, je m'en fous, je dis oui à l'Amérique et à son usage général du mot communauté ( quoique, dans la situation qui nous occupe, communauté est peut-être l'autre nom d'institution ( enfin, bref, tout ça est très complexe)).

Et puis on est monté à l'étage et on a vu des métiers à tisser et un mec-dextérité concentré sur un beau tissu vert et bleu. Et puis on repartis aider Kathie Vermont à préparer des spaghettis pour dix. Puis re-les mots et le repas et après le repas notre guide officiel, Amy, nous as fait visiter l'endroit où sont exposé les poteries de l'atelier poterie :





Parmi toutes les poteries, on aussi découvert un message caché ( cliquez sur l'image pour l'agrandir) :


Et puis nous sommes partis en voiture visiter les autres maisons de la Maison Emmanuel, un peu loin, dans la campagne. Là-bas, il y a des cabanes comme ça :



et des caravanes comme ça :


et des poules énormes :


entre autres choses ( une des maisons est construite avec les plus grosses poutres que j'ai jamais vue de ma vie :



et on a fini par discuter Phynance ( Maison Emmanuel est financé ( par ordre d'importance ) : 1. par l'état 2. par des dons privés ( entreprises) 3. par des bénévoles 4. par eux-même ( ils produisent leur pain, leurs vaisselles, vendent leur tissus, etc.)) avec les gens-des-bureaux. Finalement, nous sommes retourné à la maison du centre-ville et ça été assez difficile de partir. On est resté pour dîner et encore un peu après-dîner. En partant, Grieslda la Diva m'a serré très fort dans ses bras.

En rentrant dans notre chambre, Bonnita Troccoli a dit : " moi j'ai envie de prendre des cours de massages. C'est vraiment des corps qui ne sont jamais touchés, jamais caressés " et je me suis moqué d'elle : " ah ouais, t'es une sainte, toi. Tu veux baiser les pieds des lépreux ". Ce soir-là on a regardé un documentaire sur le massacre de la forêt boréale par des insectes mécaniques terrifiants qui passent leur journées à dévorer de l'épinette en écoutant une trans-goa vraiment glauque :




et sûr qu'en rentrant chez nous le lendemain, je ne voyais plus la forêt de la même façon.





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