vendredi 21 mai 2010

Ce que j'ai dans mes rayons en ce moment

◊ Rayon Aventure ◊
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Il y a quelque jours, j'ai tué une sale bestiole. Je n'ai jamais aimé tuer des bêtes, mais celle-ci était vraiment vilaine et me rappelait le scolopendre qui s'était installé dans le tuyau d'évacuation de ma douche, quand j'habitais en Thaïlande, il y a treize ans. Les scolopendres thaïlandais sont de vraies saloperies, dangereux comme des cobras ( je n'exagère pas). Ça ressemble à ça :


Quand j'ai aperçu la tête du scolopendre qui dépassait du tuyau d'évacuation de ma douche ( un simple tuyau en PVC bleu, encastré dans le mur et qui donnait directement sur l'extérieur ( la jungle plus ou moins) mon premier reflexe a été de l'asperger avec de l'eau. Cet enfoiré ne s'est pas du tout dégonflé, sortant de son tuyau bleu en rampant aussi rapidement que ses milles pattes pouvait le laisser présager. Je bondit alors hors de ma douche et me retrouvait nu et tremblant sur le balcon de mon bunglaow. En un mot, j'ai appris à me méfier des bestioles à milles pattes à dix-huit ans, sur l'île de Koh Tao, seul sous ma douche, alors quand j'ai vu ce truc :
ramper sur mon parquet, j'ai pris un journal et je l'ai tué. Ensuite je me suis renseigné, et je me suis aperçu que je n'aurais pas du. La scutigère est hygrophile (elle apprécie l'humidité) et lucifuge (elle fuit la lumière), elle a du venin en réserve pour manger d'autres insectes, mais elle ne s'attaque pas à l'homme, sauf si on la coince, par exemple, en s'asseyant dessus. Alors elle pique, mais c'est une piqûre de guêpe, rien à voir avec les quatre jours de fièvre du scolopendre ( voire la mort, pour les vieux, les enfants, les fragiles). Pour nous les hommes, la scutigère a un avantage certain : elle mange les autres insectes et vous comprendrez pourquoi je regrette mon geste au moment où vous visiterez l'amicale a) de mon Rayon Amical.


◊ Rayon Psyché ◊
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Il y a deux jours , j'ai appris qu'une psyché pouvait aussi être un type de miroir et j'ai fait un rêve. Je suis dans une maison de campagne plus ou moins québécoise, pendant un genre de fête. C'est à la fois la nuit et l'après-midi. Je parle d'un film aux gens. J'essaye de défendre ce film mais je sens une désapprobation silencieuse. Personne dans cette fête n'est intéressé par le film que j'aime. Parfois quelques personnes argumentent, mais on ne veut pas de dispute. On veut surtout être amis. C'est une fête. Je me dis qu'il ne faut pas trop prendre la tête des gens avec ce film que j'aime. Ce n'est qu'un film. Mais ça m'emmerde. J'aime parler de ce film et personne à qui en parler. Je viens d'arriver de quelque part, de loin. Je sais où je dois dormir, dans un champ, avec mon duvet. Je vais prendre une douche, mais la douche est en plein millieu de la cuisine en plein milieu de la fête. La cuisine est marron, briquette. Je suis gêné de me déshabiller devant tout le monde mais je fini par m'apercevoir que ce n'est pas la peine. C'est un peu comme des douches dans un camping. Je me réveille au moment au l'eau commence à couler.



◊ Rayon finance ◊
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Je viens de traverser une période où mon rythme circadien s'est retrouvé sans endroit ni envers. Bonnita Troccoli a finit par péter les plombs et me dire : "Mais tu vas te coucher à sept heures du mat' et te lever à 13 h pendant combien de temps ? Tu vas finir dingue. Je vais me coucher, tu es sur le canapé devant ton ordinateur ; je rentre du boulot, pareil, sur le canapé devant l'ordi. Comment on va faire pour partir en Californie si tu ne travaille pas un peu ? On m'a dit qu'ils embauchaient des français sur le marché Jean Talon. Tu pourrais peut-être essayer ça. En plus ça te ferait du bien de sortir un peu".

Deux jours, plus tard, je me suis levé à neuf heures (du matin) et je suis parti, après le petit déjeuner, chercher du travail au marché Jean Talon. Comme j'étais encore calé sur le rythme de mon ancien rythme circadien, je n'étais pas vraiment frais, quoique je me sois rasé, coupé les cheveux et que j'ai mis une chemise propre pour aller chercher du travail. Je suis arrivé sur le marché et j'ai commencé à tourner autour des stands. Il faisait chaud. Je n'osais pas trop demander-rien-à-personne, alors je tournais et j'ai du tourner comme ça pendant une bonne demi-heure. Je me faisais une petite idée, je faisais semblant de choisir mon futur employeur :

- Vendre du fromage : non, ça pue.

- Vendre des saucisses : ouais bof, les saucisses c'est moche.

- Vendre des légumes : non, trop de monde.

- Vendre des œufs : nan, ce fermier à l'air con.

- Vendre des jus fruits : certainement pas, je refuse de passer mes journées à couper des ananas en écoutant de la musique tropicale.

- Vendre des saucissons français : je n'ai pas traverser l'atlantique pour vendre des saucissons. Pas assez exotique.

- Vendre de la viande de cheval : je ne sais absolument pas découper un cheval et je suis phobique du sang.

- Vendre des produits d'Afrique du Nord : ça risque d'être difficile de pénétrer la communauté ; je ne connais que cinq mots en arabe et ce ne sont que des insultes.

- Vendre des sandwichs Italiens : Non, leur stand est trop sale et la patronne à un air mauvais.

- Vendre des graines : Mais qui mange des graines ? Trop ennuyeux.

- Vendre des produits laitiers : Non, le lait c'est nul.

Il faisait chaud et il n'y avait pas de vent. Le Soleil était Brutal, tout comme Sa Lumière ( une lumière crue, dure, sur-exposée, un cauchemar de photographe ( la plupart des photos que j'ai prise sous ce soleil, je les ai prises avec le flash ( je ne sais pas pourquoi, mais ça aide) et j'ai appris récemment que c'était une technique très utilisé par les homosexuels-amateurs, les gay-photographes, ceux qui ont traversé cette mythique période " solaire " pré-sida, au tout début des années 80, juste avant que Rock Hudson ne casse l'ambiance et juste avant que tout le monde ne rentre de San Francisco avec le mini-short, les poils sur le torse et les rollers en berne) et je n'avais pas de casquette et le Soleil me tapait la calvitie naissante qui n'en fini plus de naître.

À force de tourner dans les allées du marché Jean Talon, je me suis retrouvé la bouche complètement sèche. Mais, au bout d'un moment, j'ai repéré un magnifique stand, spacieux, aéré, qui proposait à la vente toute sorte de fleurs inconnues. Je passerai bien un peu de temps là-dedans, je me suis dit. Et j'ai commencé à m'y promener en respirant l'odeur fraîche, mouillée et parfumée des fleurs. Et puis j'ai éternué. Je suis allergique au pollen et pour moi le printemps n'est qu'un long éternument. Après une rafale de cinq éternuements, j'ai été voir le fringuant fleuriste principal et je lui ai demandé la bouche sèche s'il n'avait pas un mouchoir. Bondissant et dynamique, béret basque vissé sur le crâne, marcel obscène découvrant ses muscles, il est parti me chercher un mouchoir dans la casemate principale, la caisse, plantée au milieu de ce stand qui est comme une sorte de serre tout à la fin du marché Jean Talon et qui doit être le seul endroit où un promeneur déshydraté peut venir s'abriter du soleil et profiter de la fraîcheur pleine de Co2 exaltée par des fleurs toutes plus mystérieuses les unes que les autres. Quand il est revenu, j'avais recommencé un cycle d'expulsion nasale et j'ai réussi à sortir un berci tout en éternuant sans discontinuer. Une fois que la crise fut passée, j'ai difficilement fabriqué — à partir de la pâte sèche qui me servait de bouche à ce moment-là — une phrase qui devait ressembler à ça : " Be cherche bu travail ... bous embaucher ?" et il m'a répondu : " Ouais, j'ai déjà trois français, ça pourrait peut-être marcher, laisse ton CV à la caisse et je t'appellerais". Je lui ai dit : " un CB? B'ai bas de CB, il faut un CB pour bendre des fleurs ? ". Il m'a dit : " Oui, moi je demande des CV, quand on cherche du travail il faut un CV, je demande des CV pour ton numéro de téléphone et tout ça... " J'ai eternué et je lui ai dit : " Bon ben b'accord, be vais chercher bon CB et je rebasse bour be le bonner " et il m'a dit " Ouais " et il a hurlé : " J'EMBAUCHE ! MOI !" et je suis parti.

Deux jours plus tard, j'ai demandé à mon seul ami qui gagne normalement sa vie de me prêter de l'argent.



◊ Rayon Amical ◊
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Amicale a) Les temps sont durs pour Rigoberto Mac Millan. Après s'être cassé une côte en tombant sur sa table basse en plein milieu de la nuit, le voilà qui doit affronter une invasion de bed bugs, un genre de punaise qui ressemble à ça :


et qui se nourrit essentiellement de sang d'humain ou du sang d'autres animaux au sang chaud :

Lorsque l'on est envahit par les bed bugs ( bi-bites en Québécois ( quoique bi-bites s'applique à toute les bé-bêtes en québécois), c'est la merde. Il faut mettre toute ses affaires dans des sacs plastiques — comme ça :



et soit attendre qu'elle meurent de faim ( ce qui peut prendre un certain temps puisque les bed bugs peuvent survire pendant plus d'un an sans se nourrir ), soit nettoyer toute ses affaires avec de l'alcool, soit faire un genre lessive toxique avec toute ses affaires, soit foutre le feu à toute ses affaires, soit balancer toute ses affaires à la rue et laissé les bed bugs crever de faim enfermés dans leur sac plastique. Il y a aussi des méthodes anti-propogation, un genre de scotch spécial que l'on peut mettre aux endroits stratégiques ( pieds de lit, seuils de porte). Les exterminateurs sont inefficaces et coûtent trop cher pour un travail qui semble finalement assez simple ; retourner complètement son chez-soi et tout balancer par la fenêtre :



en se grattant.

Quand le pauvre Rigoberto m'a dit : " man, j'ai des bi-bites partout chez moi " , au début, bien sûr, j'ai rit ( ce truc de bi-bite) mais maintenant que je suis mieux renseigné , j'espère qu'il va réussir à se sortir vivant de cette affaire. Parce qu'en plus, être envahit de bed bugs signifie être ostracisé par le reste de la société qui ne veut plus rien à voir à faire avec vous puisque vous êtes sûrement porteur d'œufs de bed bugs sans même le savoir ; dans les plis de votre chemise ; dans vos chaussettes ; dans les poches de votre pantacour ; voire même dans vos cheveux ou dans le livre que vous lisez en ce moment et que vous trimballez partout avec vous. Bref, voilà à quoi ressemble la vie avec des bed bugs :


et le mieux est encore d'avoir quelque scutigère pour vous défendre.

Amicale b) Alors que j'allais partir de chez lui après un très bon dîner, Bingo m'a raconté qu'un de ses amis s'était fait braquer dernièrement. Ici, dans nos quartiers, on vit tous portes ouvertes et serrures détendues. On peut rentrer très facilement chez n'importe qui.

Bingo m'a dit : " deux types sont arrivés, cagoule et capuches, et, c'est malheureux à dire, mais c'était deux black, ils ont frappé à la porte et le fils de mon ami leur a ouvert et là ... gun sur la tempe ...."

Moi : "naaan ?"

Bingo : " Si. Le pire c'est que le fils de mon ami a fini par dire non, tu prendra rien et il lui a pris le flingue des mains et lui a donné un coup sur la tempe et ils ont pris un ordi ou un truc comme ça et ils ont filé. "

Moi : " Putain, mais il a quel âge le môme ? "

Bingo : " Vingt ans. Ouais, mon ami a quarante ans et il a eu ses enfants jeune ... "

Moi : "En tout cas il a des couilles le mec ..."

Bingo : " Ouais, enfin non. Il est plutôt con. Tu fait pas un truc comme ça. Le mec a un gun, tu dit oui-vas-y-prend-ce-que-tu-veux ... "

Moi : "Ouais, c'est clair "

Bingo : " Le pire, c'est que les deux gars étaient plus jeune que lui, genre quinze, seize ans. "

Moi : "merde "

Bingo : " C'est con mais maintenant, je ferme ma porte, je ne l'ai jamais fermée mais maintenant je la ferme " a-t-il conclu en me raccompagant à la porte, justement, pour la fermer.


◊ Rayon Errance ◊
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J'ai commencé la promenade en apprenant une nouvelle définition du mot HÉROS :



Puis j'ai cru avoir trouvé un guide en la personne d'un Ballon Bleu :



Et ensuite j'ai vu un gros gonflable jaune et des poteaux rouges réfléchissants :

Puis une fenêtre bleue :


Puis une route omnivore :


Puis un kart spatial (amateur) :


Puis une entrée dithyrambique :


Et j'ai fini par rentrer dans un magasin d'aquariums :


En sortant, je suis tombé nez-à-nez avec cette église :



Et j'ai vu deux types réparer un toit :


Une femme tondre le trottoir :


Un radar déguisé en poteau électrique :


et je me suis aperçu que j'étais arrivé loin dans l'est, là où la ville devient un parking :


et où le dos des panneau de bois :


affrontent des bunkers marrons :


Des jarres de ciment sont remplies de terre mais rien n'y pousse :


Eh ! Amir, Amir, Amir ! :


Les dos de panneau de bois portent aussi des parpaings ! :


La ville est à l'envers, dans l'est :


Et c'est ici que surgissent les Wal-Mart ( j'ai visité, aucun intérêt) :


En revenant vers chez nous, je me suis aperçut que mon parking préféré était attaqué par des bêtes souterraines :



Et j'ai regarder un drap blanc flotter pendant au moins dix minutes :






Et la nuit s'est couchée sur carton épuisé* :


* même si je fais plein de fautes partout, là, ce n'est pas une faute, mais bien " la nuit s'est couchée sur carton épuisé" .

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