mardi 8 juin 2010

Un marsouin dans le placard


L'autre jour, Parthenia Ropach nous a invité à dîner. Bonnita Troccoli l'a rejoint vers seize heures, elles ont papoté en s'occupant d'Ungariio Ygotj, 18 mois, qui commence à presque-parler ( il dit surtout des fins de mots : pa, on, eu, pa, par exemple). Elles ont préparé des jarrets d'agneau pendant tout l'après-midi. Je les aies rejoint vers 20 h et quand je suis rentré dans le salon, il y avait un autre homme et une autre femme qui discutaient avec Bonnita Troccoli, des amis anlgophone de Parthenia Ropach. Un dîner d'artistes visuels, je me suis dit, quand on a commencé à parler de résidences, de la fonderie darling, des amis-artistes que nous avions en commun ( ce monde est petit comme tout les mondes mais peut-être encore un peu plus). Au bout d'un moment, toujours assis sur le canapé, en buvant du vin rouge, on a parlé de Voyages et l'homme nous as dit qu'il avait vécu en Australie pendant trois ans. On a commencé à parler des bêtes de l'Australie, du fait que l'on pouvait se retrouver avec un serpent coincé le faux-plafond, et j'ai cité le titre de film : " Des serpents dans l'avion " comme un de mes titres favori, dans le genre film débile. Ensuite, on est passé à table et au fur et à mesure du dîner , alors qu'au début on parlait un peu français, un peu anglais, tout le monde s'est mis à parler anglais, sauf Bonnita Troccoli qui galère en anglais.

On s'est demandé si Mickaël Jackson avait commis plus de fautes de goût que Prince et, définitivement, nous avons conclu que la chanson " Heal the world " était bien plus catastrophique que les catastrophes de Prince. Nous avons tous plus ou moins chanté " Heal the World" en s'appuyant la main droite contre l'oreille droite. Puis j'ai essayé de lancer un petit jeu relatif aux serpents dans l'avion et on a dit : un cafard dans le grille-pain, un rat dans la baignoire, un éléphant dans le canapé, un marsouin dans le placard, un ours dans la machine à laver, mais ça n'a pas durer très longtemps parce que les artistes visuels, lorsqu'ils mangent, sont très volatiles, surtout les femmes-artistes-visuels que ce genre de jeu semble gonfler rapidement, alors que, j'en ai eu l'impression, l'homme et moi aurions pu continuer comme ça pendant tout le dîner mais Bonnita Troccoli, qui ne se définirait pas vraiment comme une artiste-visuel, se rattrapait aux branches de la conversation en faisant répéter/traduire quelques phrases et au bout d'un moment, elle en a eu marre ( d'ailleurs moi aussi, je commençais à ne plus rien comprendre) et elle s'est mise à rire de sa position française et de ses efforts pour comprendre et suivre la conversation et nous avons ri avec elle et notre non-compréhension mutuelle est devenu un thème qui a remplacé les serpents dans l'avion, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des os dans notre assiette et que nous décidions de rentrer.

Deux jours plus tard, j'ai croisé Max Avaw un peintre. En ce moment, Max Avaw fait des portraits sur Chatroulette. Chatroulette, c'est un tchat aléatoire, un forum de discussion vidéo où l'on tombe sur n'importe qui. Max m'a dit que les personnes qui acceptaient de poser pour lui étaient généralement des filles plutôt jolies. Aucun homme-qui-se-branle ( c'est à dire environ un participant à chat-roulette sur cinq) n'est intéressé par se faire peindre le portrait et ils zappent Max Avaw dès qu'il aperçoivent son pinceau et son chevalet. Max Avaw m'a aussi dit que tout le monde, qu'ils soient russes, chinois, grec, israëliens, français, mexicains, tout le monde parle anglais, mais un anglais noir-américain, l'anglais hip-hop, wha'up muttafucka and all dat shit.

Une semaine après, j'ai eu un accident de vélo et j'ai décidé de me plaindre auprès du Maire de Montréal, en lui envoyant une lettre :

"
Espèce d'Enculé de Tremblay de mes Deux, Gros Maire Minable Payé à Rien Foutre, à Cause de Toi, et de Ta Connerie, j'ai Failli Cassé ma Pipe et j'ai Effectivement Cassé l'Appareil Photo à Bonnita Troccoli,

Bonjour.

Ton compatriote à chemise à carreaux, celui qui ne sait pas ce qu'est un angle mort et qui ne sait pas qu'il faut regarder dans son angle mort avant d'ouvrir sa portière de Toyota Taurus merdique, celui-là, a failli me tuer en m'ouvrant sa portière en pleine gueule alors que j'étais en train de penser à des choses autrement plus importante que de racler mes coudes contre l'asphalte brûlante de ta ville de merde. Bref, espèce de gros incapable corrompu, deux jours après ma roulade, j'ai eu une idée que je ne comprends même pourquoi tu l'as jamais eu. Qu'est ce que tu branle dans ton bureau ? À quoi tu pense ? Voilà mon idée — et c'est juste la solution pour que tes électeurs qui sont aussi des cyclistes, arrêtent de se prendre des portes dans la gueule pendant que tu ne fous je ne sais quoi d'impuni :

Proposition pour inverser le sens de circulation des pistes cyclables afin que les cyclistes arrivent en face des voitures susceptibles d'ouvrir leur porte plutôt que dans leur dos, ce qui permettra d'éviter l'oubli qui a failli m'être fatal; l'oubli de l'angle mort.

T'as compris ? Tout est dans le titre. Il faut juste que l'on roule à contre-courant, à l'envers, face aux bagnoles garées. Quand j'avais 12 ans, j'allais en colonie de vacances au bord d'un lac et on m'a appris qu'il fallait toujours marcher sur le côté gauche de la route afin de voir les voitures arriver en face de soi. Eh bien, c'est presque la même chose-là.

J'espère que t'as pigé,

Gwyneth Bison

"
Bref, lectrices, lecteurs, je suis au regret de vous annoncer la mort de l'appareil photo de Bonnita Troccoli, celui qui avait plein de jolies taches sur l'objectif. En même temps, il y a trois mois, quand j'étais en France, j'ai trouvé un autre appareil sur le quai de la gare de Bezon et je l'ai emmené avec moi. La mort de AP1 ne signifie donc pas la mort des photos de ce blog, mais la fin des tâches sur l'objectif.

Voilà de quoi est capable AP2 :

Prendre en photo des drapeaux de l'équipe de hockey de Montréal



Prendre mes nouvelles chaussures en photo


Prendre des panneaux mal habillé en photo


Prendre des photos du centre-ville en cours de destruction


Permettre à ceux qui ne le connaissait pas, de rencontrer Le Barricadeur



Permettre à ceux qui ne le connaissait pas de découvrir le travail du Barricadeur



Photographier des petits carreaux bleus



et des balcons plein de papillons


Capturer des louches jaunes


Faire découvrir des vieux paresseux



et des bardes qui joue de la flûte en plastique


Saisir l'Amour et les Parapluies



Suspendre les enfants



et leur permettre d'attraper le Ballon Vert



Chasser les marchands de glaces



Déplacer des montagnes grises



Vendre des garages



Apporter son soutien à la fois aux féministes radicales et à leurs ennemis les gros machos



Voir des trucs de loin de près


et flouter les arbres



Je suis une centaine de minorités à moi tout seul, m'a dit Rigoberto McMillian juste hier soir, et je crois qu'il a dit ça sans aucune mauvaise intention, sans vouloir montré que lui aussi " il en est " parce que tout le monde " en est" mais juste pour me montrer la complexité de la chose par une provocation, une blague, comme un genre de koan peut-être. Ah bon ? mais t'es blanc, hétéro, neuro-typique, je lui ai dit pour le provoquer. Je suis une centaine de minorités à moi tout seul parce que, par exemple, je n'utilise pas mon savon comme tout le monde, m'a dit ce con-là, juste avant d'aller jouer de la batterie, ce qui n'est pas une situation facile pour donné un bon exemple de la complexité de l'idée de minorités, mais l'idée y était, ce qui me rassure, je veux dire, il y a encore une semaine j'étais inquiet que Rigoberto ne se soit fait bouffer vivant par des bed-bugs après s'être assommé en tombant de son lit sur sa table basse, donc bon, ça faisait plaisir de le voir en pleine forme.

Le matin d'hier soir, Ping Gieseking le cartographe a effectué un retour fracassant en m'envoyant sa dernière réalisation, un petit chef d'œuvre à faire défiler comme un flip-book (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :



















et voilà quoi.

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